Le mouvement des gilets jaunes et la mise en place en place du grand débat national rappelle la nécessité de se parler, de dialoguer et traiter l’ensemble des sujets qui font la vie quotidienne, au travail et ailleurs. Dans le monde du travail, les nombreux bouleversements qui impactent le dialogue social depuis plusieurs années chamboulent l’ordre établi, les habitudes. Les récents bilans de la mise en place du CSE ne laissent pas pour le moment augurer une amélioration générale de la qualité du dialogue social dans les entreprises. D’autant que la fusion des instances (CE, DP et CHSC) aura au moins deux conséquences majeures :
- D’une part la réduction du nombre d’élus qui fera perdre des moyens aux représentants du personnel
- D’autre part, cette fusion va décourager certains élus qui se satisfaisaient de n’aborder qu’un angle, soient les questions économiques, soient les œuvres sociales, soient les conditions de travail
Cela entraîne déjà ou entrainera de facto une perte de savoir faire et de compétences au sein de la nouvelle instance.
Un nouveau CSE où seront aborder l’ensemble des sujets présente un avantage : ne pas morceler les débats et permettre une approche globale des sujets. La présentation d’un projet par l’employeur nécessité souvent d’en comprendre tous les aspects. Un déménagement va impacter les emplois (tout le monde ne suivra pas nécessairement) mais aussi les conditions de travail (changement de lieu de travail, nouvelle organisation). Comprendre tous les enjeux d’un projet c’est mieux anticiper ses conséquences. Les débats pourront ou devront monter les interdépendances entre les différentes approches (économiques, sociales, santé au travail).
Mais la qualité de ces débats et de ce qui en sortira dépend de la maitrise des différents acteurs. Le vrai problème aujourd’hui tient souvent à la pauvreté des échanges au sein des instances ou de la nouvelle instance. Faute d’expérience ou de connaissance, les échanges se focalisent sur des sujets mineurs qui au final ne permettent pas un vrai travail d’analyse et de compréhension des enjeux.
Voilà pourquoi, plus que jamais, la formation des acteurs du dialogue social est une impérieuse nécessité. Des deux côtés de la table ! Notre pratique du terrain montre que quand chacun maitrise à la fois le fond (technicité des sujets) et la forme (apprendre à dialoguer), tout le monde en bénéficie. Et en premier lieu les salariés dans leur ensemble.