L’INRS a animé une réflexion collective autour des questions que suscite l’utilisation de l’intelligence artificielle en santé au travail. Nous reprenons ici les principales questions débattues.
En SST, l’IA peut modifier positivement ou négativement les situations de travail et l’approche globale de la prévention des risques professionnels. Ceci impose de maintenir une vigilance et une réflexion particulières de la part des partenaires sociaux et des organismes chargés de la prévention des risques.
Trois points sont incontournables dans les discussions concernant l’IA en santé au travail au sein des entreprises :
- L’approche collective de la thématique
- La protection des données des salariés
- Le dialogue social
Les évolutions apportées à l’organisation du travail par l’IA peuvent se traduire par le transfert de quelques tâches des opérateurs vers la machine et augmenter la participation humaine dans les fonctions d’entrainement, d’accompagnement et de contrôle. L’IA peut également permettre une meilleure exploitation de données et ouvrir des perspectives intéressantes en épidémiologie et accidentologie, ou améliorer les possibilités de supervision d’un environnement de travail, d’un chantier ou d’un site industriel par exemple.
L’enjeu principal cependant est que l’IA fournisse des informations utiles à l’élaboration de mesures de prévention durables, ce qui implique une exploitation de ces informations par des personnes en capacité de les analyser. Le tableau ci-dessous regroupe quelques-uns des bénéfices et points de vigilance sur l’utilisation de l’IA en SST identifiés par le groupe de travail.
Bénéfices
- Suppression de l’exposition des salariés à certains risques
- Détection de situations à risque
- Supervision d’espaces de travail
- Amélioration de techniques d’apprentissage
- Traitement sophistiqué et rapide de données
- Meilleure exploitation de données mal structurées
- Sécurisation des environnements de travail
- Suivi de santé des salariés tout au long de la carrière, notamment pour des populations dont le suivi est plus difficile à réaliser (intérimaires, saisonniers…)
Risques
- Intensification du travail
- Perte de sens
- Considération excessive des solutions technologiques et sous-évaluation de risques organisationnels
- Fragilités technologiques liées à la cybercriminalité
- Opacité des solutions proposées
- Centralisation de l’IA dans l’organisation du travail et mise en second plan du travail humain
- Inadaptation des dispositifs d’IA aux question de SST (utilisation d’algorithmes non développés à cette fin)
- Non prise en compte des situations atypiques, dégradées, non prévues, qui présentent des limites à l’apprentissage de l’IA
Le document produit alerte également sur le risque d’une individualisation de la prévention (prise en compte de données génétiques, d’hygiène de vie…) au détriment d’une approche plus collective et systémique. Les questions d’éthique doivent être abordées à toutes les étapes du développement des IA en SST.
L’IA peut ainsi devenir un outil utile au service de la prévention de risques mais les modalités de son introduction en entreprise doivent être discutées et définies par l’ensemble des parties prenantes.